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Agenda 2030 : l’Afrique à l’aube de sa transformation

20/11/2019
Source : La Tribune.fr
Catégories: Economie/Forex

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A dix ans de l’échéance du programme onusien sur le développement durable, le Continent accélère le
rythme malgré de grandes disparités et d’importants soucis de financement.
Intégration, prospérité, stabilité. Trois notions clés qui résument le portrait-robot de l'Afrique de 2030,
conformément à la position commune des 54 États du Continent retenue lors de l'adoption en 2015 des
objectifs onusiens de développement durable (ODD). Aujourd'hui, quatre ans plus tard et à dix ans de
l'échéance, institutions et décideurs ne conjuguent qu'un seul verbe : accélérer. « Si l'Afrique ne réalise pas
les ODD, le monde ne réalisera pas les ODD », confiait en septembre dernier le secrétaire général des
Nations unies, António Guterres, au président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi
Adesina. Pour ce dernier, « le temps presse ». « Je suis pleinement convaincu qu'avec un changement de
rythme, impulsé par un sentiment d'urgence accru et par la responsabilité collective à l'échelle mondiale,
l'Afrique peut atteindre les objectifs de développement durable », positive le patron de la BAD, lors d'une
rencontre de haut niveau entre les deux institutions. La transformation économique structurelle du Continent
est le premier pilier défini par l'Afrique dans sa course vers les ODD, étroitement aligné sur l'Agenda 2063 de
l'Union africaine (UA). Ce processus de transformation intègre les volets cruciaux de l'industrialisation, de la
modernisation de l'agriculture et le développement du secteur tertiaire. Tout cela en vue de parvenir à une
croissance économique rapide, diversifiée, stable, résiliente, durable et inclusive, établie à 3,2 % en 2018,
contre 3,4 % en 2017, selon les données de la Commission économique des Nations unies pour l'Afrique
(CEA) qui prévoit une hausse de 3,4 % en 2019 et de 3,7 % en 2020. Une croissance robuste et inclusive
permettrait au Continent de sortir des filets de la dépendance des marchés internationaux des matières
premières. Les experts estiment que si cette transformation économique s'opère dans les règles de l'art,
l'incidence sur les autres piliers du développement durable de l'Afrique, dont l'éducation ou la santé, serait «
automatiquement » positive. Où en est l'Afrique à ce jour ? Globalement, les principales instances
multilatérales et panafricaines s'accordent sur les progrès du Continent. Dans les détails cependant, des
disparités plus ou moins importantes sont observées. Certaines économies africaines affichent aujourd'hui
les croissances les plus rapides et les plus élevées au monde. Et selon l'OCDE, 26 pays se sont déjà dotés
d'une stratégie nationale d'industrialisation. Ce qui a attiré notamment les grands constructeurs automobiles
mondiaux, tels Peugeot ou Volkswagen, suscitant l'espoir de voir un jour en Afrique une industrie automobile
forte et créatrice de richesse. Stagnation ou amélioration modérée L'autre contributeur important à la
métamorphose de la sphère économique africaine n'est autre que l'entrepreneuriat. Avec 22 % de la
population d'âge actif créatrice d'entreprises, le Continent affiche le taux d'entrepreneuriat le plus élevé au
monde, d'après l'OCDE. Par ailleurs, le rapport du Centre des ODD pour l'Afrique (SDGCAfrica) publié en
juin 2019 place 35 pays à 50 % et plus sur la voie d'atteindre les ODD d'ici 2030. En tête, l'île Maurice (66 %),
la Tunisie (66 %), l'Algérie (65 %), le Maroc (64 %) et le Cap-Vert (64 %). En revanche, la RDC (41 %), la
Somalie (40 %), le Tchad (38 %), la Centrafrique (36 %) et le Soudan du Sud (29 %) arrivent au bas du
tableau. Concernant la croissance notamment, la majorité des pays africains ont stagné ou connu une
amélioration modérée. En matière d'industrie, d'innovation et d'infrastructures, seule l'Algérie s'est maintenue
sur la bonne voie vers la réalisation des objectifs de développement, tandis que 20 pays affichent une
amélioration modérée et 31 pays stagnent. Ceci étant, les experts projettent que la mise en œuvre de la
Zone de libre-échange continental (Zleca) booste la transformation économique du Continent, car la chute
des barrières économiques et frontalières dans un contexte de montée en puissance de la classe moyenne
agrandirait les marchés, multipliant les opportunités pour les investisseurs et les entreprises. Ce qui
favoriserait la diversification économique tant recherchée par la majorité des économies africaines qui
s'épanouissent encore au gré des marchés mondiaux des matières premières. D'ores et déjà, un pays
comme la Côte d'Ivoire apparaît comme le pays au plus fort potentiel de croissance commerciale future au
monde, selon le Trade20 Index de Standard Chartered. La région est encore loin du compte Pour réaliser les
objectifs de développement durables, notamment en matière de transformation économique, les 54 pays d'Afrique ont un énorme besoin en financements. L'OCDE évalue les investissements nécessaires à 30 % à
35 % du PIB du Continent. Guido Schmidt-Traub, directeur exécutif du Sustainable Development Solutions
Network (UNSDSN), a été l'un des premiers à travailler sur le besoin de financement de l'Afrique en 2015. Il a
évalué à entre 614 et 638 milliards de dollars le montant supplémentaire nécessaire chaque année, pour que
l'Afrique réalise l'Agenda 2030. Difficile d'obtenir une estimation des sommes mobilisées à ce jour par
l'ensemble du Continent. Mais selon cet expert, la région est encore loin du compte. « Nous estimons dans
notre dernier rapport que sur les dix ans qui viennent, en moyenne, les pays africains devraient remonter la
mobilisation des ressources internes par l'équivalent de 5 % de leur PIB, explique Guido Schmidt-Traub. C'est
un montant considérable et, aujourd'hui, les pays africains, en moyenne, n'ont pas atteint cette somme. Il y a
encore des efforts supplémentaires à réaliser. À ce jour, l'Afrique n'est pas sur la bonne voie pour mobiliser
rapidement assez de ressources financières nécessaires pour financer les ODD, mais nous estimons
toutefois que c'est possible ». Pourquoi pas un fonds mondial ? Et si un dispositif à l'image du Fonds mondial
de lutte contre le sida, le paludisme et la tuberculose était mis en place, notamment pour les domaines
beaucoup plus sociaux tels que l'éducation, la santé, et même les changements climatiques ? C'est ce que
préconise Guido Schmidt-Traub. Lors de la conférence de Lyon, début octobre, ce fonds a atteint son objectif
financier en mobilisant plus de 14 milliards de dollars sur trois ans. « Pour moi, c'est l'exemple clé d'un fonds
d'investissement multilatéral, organisé d'une manière efficace et saine pour permettre un investissement très
rapide et à la bonne échelle dans les systèmes de santé nationaux, explique Schmidt-Traub. Les résultats
obtenus par ce fonds sont vraiment remarquables. Il faudrait des structures équivalentes pour financer les
priorités des ODD en Afrique ». En attendant qu'une telle mobilisation soit possible, la Commission
économique des Nations unies pour l'Afrique (CEA), met l'accent dans son rapport 2019 sur la nécessité
d'une bonne politique budgétaire à travers une meilleure mobilisation des recettes publiques. Après la chute
des recettes publiques des pays africains à 18,6 % du PIB en 2016 en raison de la crise, la manne des États
s'est améliorée à 21,4 % du PIB en 2018, ce qui reste cependant encore loin des 31,4 % de 2008, d'après les
données de la CEA. L'effort est d'autant plus nécessaire que malgré ce cru, l'Afrique a été sur la période
2000-2018, la région du monde au ratio recettes publiques/PIB le plus faible (24,5 %), quand celui de
l'Europe, à titre d'exemple, était de 34,8 %. Réformer les politiques fiscales « La plupart des économies de
marché émergentes et des pays en développement à faibles revenus ont la possibilité d'accroître les recettes
publiques », estime le Fonds monétaire international (FMI) dans son rapport Politique fiscale et
développement : investissement humain, social et physique pour les ODD, publié en janvier 2019 et dans
lequel l'institution de Bretton Woods préconise une réforme des politiques fiscales. Sur ce point, la CEA
préconise la numérisation rapide, la réduction des coûts de recouvrement, l'extension de la fiscalité à certains
secteurs difficiles à taxer, tels que l'agro-industrie, l'immobilier et les services, mais aussi la création d'un
environnement propice au développement du secteur privé, en particulier les PME. Faire appel à
l'investissement privé Pour l'heure, les institutions multilatérales reprochent aux gouvernements de ne pas
examiner suffisamment de telles pistes pour réaliser les ODD, au lieu de s'endetter. Car, voulant à tout prix
ne pas figurer dans la classe des mauvais élèves en 2030, certains États recourent à outrance à la dette,
provocant leur surendettement, sans garanties sur leur capacité de remboursement. Outre les mécanismes
mis en place par les institutions de financement tels que la Banque mondiale, la Banque africaine de
développement, l'Union européenne ou l'Agence française de développement, le partenariat public-privé
(PPP) est de plus en plus privilégié. « Il est nécessaire que les secteurs public et privé comprennent les
avantages des PPP. Ils doivent être définis avec précision et bien utilisés. [...] Ni le secteur privé ni le secteur
public ne peuvent financer seuls le développement », déclarait Vera Songwe, secrétaire exécutive de la CEA,
au Forum international des PPP à Genève, en mai dernier. Ainsi, qu'il s'agisse de l'incontournable question
des infrastructures, du développement agricole ou plus récemment de la santé, institutions et gouvernements
militent de plus en plus pour une plus grande implication du financement privé, celui-ci impliquant
systématiquement une amélioration de l'environnement des affaires. Si l'on se réfère au Doing Business
2019, l'Afrique a connu des avancées extrêmement significatives ces dernières années, avec le Rwanda
introduit dans le top 20 mondial. Dans la short list des 20 réformateurs du Doing Business 2020 publié début
octobre, cinq pays d'Afrique se démarquent : Djibouti, le Kenya, le Nigeria, le Togo et le Zimbabwe. Mais de
manière générale, de nombreux pays africains tâtonnent encore dans ce domaine. Outre les avancées
administratives qui peuvent parfois être particulièrement lentes, l'un des handicaps à la réussite des affaires
dans de nombreux pays africains reste la corruption. Et cela rend immédiatement la notion de gouvernance,
laquelle a émergé récemment, comme un sujet incontournable pour atteindre les ODD en Afrique. Un
indicateur de premier ordre pour les investisseurs étrangers.

 


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