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Banque et intelligence artificielle en Afrique : Un catalyseur de l'inclusion financière et de l'efficacité

07/11/2025
Source : ORISHAS FINANCE
Catégories: Secteurs

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Dans un continent où une grande partie de la population reste exclue du système bancaire traditionnel, les fintechs africaines transforment le secteur en s’appuyant sur l’intelligence artificielle pour offrir des services financiers innovants, accessibles et adaptés aux réalités locales. Désormais, l’essor de l’IA en Afrique particulièrement constitue un levier de développement durable dans plusieurs domaines d’activité, le secteur bancaire y compris, offrant des solutions innovantes pour améliorer l’efficacité, réduire les coûts et optimiser les processus.

 

 

L'intelligence artificielle (IA) émerge comme un moteur principal de la transformation du secteur bancaire, dans le paysage financier africain en mutation. En exploitant les avantages de l'IA, les banques africaines améliorent leur capacité à fournir des services personnalisés et adaptés aux besoins spécifiques des clients. En effet, selon les informations de Majoie Magazine publiés le 6 mai 2025, plus de 80 % des institutions financières africaines prévoient d’investir massivement dans l’IA pour améliorer leurs services, renforcer la sécurité, optimiser leurs opérations et surtout accroître l’inclusion financière en 2025. Cette révolution technologique offre des opportunités inédites pour toucher les populations traditionnellement exclues du système bancaire classique, tout en posant des défis en termes de réglementation, d’infrastructures et de compétences. 

Dans cette logique, la Banque africaine de développement (BAD) intensifie son engagement en faveur de l’intégration de l’intelligence artificielle (IA) dans les politiques et projets de développement à travers le continent. Une orientation stratégique inscrite dans son plan décennal 2024-2033, visant à placer l’Afrique au cœur de la révolution numérique mondiale. Pour ce fait, un vaste programme de formation pour doter des millions d’Africains de compétences dans les technologies émergentes, notamment l’IA s’est tenu à Lusaka, en Zambie en août 2025. L’atelier de formation de cinq jours, destiné aux États membres de l’Union, a été co-organisé entre la Banque africaine de développement (AfDB) avec la Commission de l’Union africaine et la Fondation pour le renforcement des capacités en Afrique. Les participants ont été formés à l’utilisation de plateformes émergentes telles que ChatGPT, Google Gemini, Ailyse ou Perplexity. L’objectif est de former à la fois la jeunesse, les entrepreneurs et les agents publics, afin de créer un écosystème capable d’utiliser l’IA dans des domaines essentiels tels que l’agriculture, la santé, l’éducation et la gouvernance. L’institution mise sur l’IA pour améliorer le suivi et l’évaluation des grandes stratégies de développement africaines, comme l’Agenda 2063 de l’Union africaine. 

De son côté, le Gouverneur de la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO), Jean-Claude Kassi BROU, a présidé, le 21 mai 2025 à Dakar, la Conférence internationale portant sur le thème : « L’intelligence artificielle : opportunités et défis pour les Banques Centrales ». Selon lui, l’IA offre des perspectives significatives pour accélérer la transformation économique et sociale en Afrique. Il a aussi indiqué que bien que l’usage de cette technologie par les banques centrales soit encore à un stade préliminaire, plusieurs institutions s’y engagent activement afin de tirer parti des bénéfices potentiels, tout en maîtrisant les risques afférents. 

Selon le magazine “Artificial intelligence and compliance professions in the banking sector in Benin in the era of digitalization” de African Scientific Journal, produit par TANGNIHO Mahugnon Fréjus et CHANHOUN José Maxime, Vol 03, Numéro 28 Février 2025 « les applications de l'IA dans le secteur bancaire sont variées et en constante évolution. Chui et al. (2020) ont identifié l'utilisation croissante de l'IA pour améliorer la gestion des risques, optimiser la personnalisation des services et automatiser des processus opérationnels. Par exemple, les systèmes de détection de fraude, tels que ceux développés par Kumar et al. (2021), utilisent des algorithmes d'IA pour analyser en temps réel les transactions et identifier des comportements suspects, contribuant ainsi à réduire les pertes financières. Ces systèmes sont capables de traiter des transactions à grande échelle, améliorant ainsi la réactivité des institutions face aux menaces ».

 

L’intégration de l’Intelligence Artificielle dans les banques africaines

En Afrique, où la pénétration mobile dépasse souvent celle des services bancaires traditionnels, l’IA joue un rôle crucial dans le développement de services bancaires mobiles innovants. L’intégration de l’IA dans le secteur bancaire africain représente une opportunité sans précédent pour transformer les services financiers et renforcer leur compétitivité. 

L’automatisation des processus : l’IA permet d’automatiser des tâches répétitives et chronophages, telles que la vérification des transactions, le traitement des demandes de prêt et la gestion des comptes. L’automatisation de certains services bancaires améliore l’efficacité opérationnelle et réduit les coûts. Selon Wayden, un acteur incontournable du management de transition qui accompagne les entreprises dans leurs transformations, 44% des Chief Risk Officers dans le secteur bancaire utilisent l’IA pour l’automatisation de processus.

L’automatisation de certaines tâches par l’IA entraîne une redéfinition des rôles au sein des banques. Les employés doivent être formés pour travailler en synergie avec les systèmes d’IA, se concentrant sur des tâches à plus forte valeur ajoutée.

L’IA permet également aux banques de créer des produits financiers adaptés aux besoins spécifiques des populations non bancarisées ou sous-bancarisées. Par exemple, des algorithmes d’IA peuvent évaluer la solvabilité des emprunteurs sans historique de crédit traditionnel, ouvrant ainsi l’accès au crédit à des millions d’Africains.

Des assistants virtuels alimentés par l’IA peuvent guider les utilisateurs dans leurs transactions, rendant les services financiers plus accessibles et conviviaux.

Le défi majeur réside dans la conception de solutions adaptées aux réalités locales et accessibles même dans les zones rurales ou à faible connectivité.

 

La personnalisation des services clients, grâce à l’analyse des données clients : l’IA peut offrir des recommandations personnalisées et des services sur mesure. Les chatbots et les conseillers bancaires virtuels fournissent une assistance 24/7, améliorant ainsi l’expérience client. NTT Data a montré dans une récente étude citée par Ludovic Van de Voorde, Directeur Activités Crédits à la Consommation chez Société Générale, que plus de la moitié des clients pourraient quitter leur banque pour des services plus personnalisés ailleurs, alors que seuls 16 % des établissements bancaires utilisent aujourd’hui l’IA pour déployer une telle hyper-personnalisation.

Détection de la fraude bancaire : les algorithmes d’IA analysent les transactions en temps réel pour détecter les activités suspectes et prévenir la fraude. Cette capacité à identifier rapidement les anomalies permet de renforcer la sécurité des opérations bancaires.

Concernant l’amélioration de la gestion des risques, les outils d’IA permettent une évaluation plus précise des risques de marché, de crédit et opérationnels. Les banques peuvent ainsi mieux gérer leurs risques et adapter leurs stratégies en conséquence.

L’IA aide les banques à naviguer dans le paysage réglementaire complexe et en constante évolution. Des outils d’IA peuvent automatiser la surveillance de la conformité, réduisant ainsi les risques de sanctions et améliorant la réputation des institutions financières.

Pour réussir, il est essentiel que les banques collaborent étroitement avec les régulateurs afin d’assurer la conformité aux normes locales et internationales.

L’IA permet également de développer de nouveaux produits financiers innovants, tels que les prêts basés sur l’analyse des données alternatives et les solutions de paiement intelligentes. Cela permet aux banques de se différencier sur le marché.

De même, avec le développement des néo-banques et la digitalisation des banques qui développent de plus en plus d’applications pour leurs clients, l’IA offre un potentiel conséquent de collecte et d’analyse de données avancées (Advanced Data) et à grande échelle (Big Data). 

Rocky Abdoul Milingita, consultant en banque et microfinance ayant collaboré avec des institutions internationales telles que FINCA International et MicroSave Consulting, dans un interview avec Cio-Mag, a indiqué que « l’intelligence artificielle transforme le paysage financier africain, en particulier dans les zones à faible accès bancaire ». Pour ce dernier, « les solutions d’IA offrent des produits financiers adaptés, même pour les petits montants ou profils “non classiques” ». A l’en croire, l’IA se base sur des données en temps réel plutôt que sur des justificatifs formels (fiches de paie, historique bancaire). Grâce à l’IA et au mobile, les populations rurales ou éloignées peuvent accéder à des services financiers sans infrastructures lourdes. Par exemple, Baobab RDC a lancé un scoring crédit basé sur l’IA permettant à des micro-entrepreneurs, souvent sans documents officiels, d’accéder à des microcrédits de 50 à 500 USD. Ce crédit est appelé « Taka ». Aussi, a-t-elle indiqué que les chatbots IA, déployés par des acteurs comme Musoni (Kenya) et Baobab RDC, permettent aux utilisateurs d’apprendre les bases de la gestion financière et du crédit via leur téléphone.

 

Risque de l’IA dans le secteur bancaire

Les cadres réglementaires, la gouvernance, la transparence, et les problèmes de blanchiment d’argent et de conformité restent des obstacles majeurs à l’expansion continentale. De plus, les risques liés aux devises et à la politique continuent de préoccuper les institutions financières, selon les résultats de la première Enquête bancaire d’Afrique australe de KPMG. Autres obstacles concernent :

  • Infrastructure numérique : la qualité et la couverture des réseaux internet restent inégales, limitant l’accès aux services numériques dans les zones rurales.
  • Compétences et formation : il est crucial de développer les compétences locales en IA et en gestion des données pour assurer une adoption efficace et responsable.
  • Confiance des utilisateurs : sensibiliser les populations à l’utilisation sécurisée des services numériques est essentiel pour renforcer la confiance et encourager l’adoption.

Auguste Claude-Nguetsop, associé et responsable du conseil bancaire chez KPMG en Afrique australe, cité par Jaie info a indiqué que « bien que les principales banques en Afrique du Sud aient enregistré d’excellents bénéfices, largement attribuables à la hausse des taux d’intérêt, cette croissance est accompagnée d’un potentiel de risque à moyen et long terme ».

 

Pierrette COLICO


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