RSS Feed  Les actualités de la BRVM en Flux RSS

NEWS FINANCIÈRES

Nous agrégeons les sources d’informations financières spécifiques Régionales et Internationales. Info Générale, Economique, Marchés Forex-Comodities- Actions-Obligataires-Taux, Vieille règlementaire etc.

Côte d’Ivoire: les limites du «miracle économique» ivoirien

03/11/2020
Source : Le Figaro Premium
Catégories: Economie/Forex

Profitez d'une expérience simplifiée

Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play Store

Le pays reste trop dépendant des aléas du marché des matières premières.

Abidjan

La Côte d’Ivoire a-t-elle connu un deuxième «miracle ivoirien»? C’est ce que les partisans d’Alassane Ouattara aiment faire entendre. Dans sa dernière note d’analyse publiée en 2019, l’agence américaine de notation Moody’s rappelait qu’avec son taux de croissance flirtant avec les 8 % ces dix dernières années (11 % au meilleur de sa forme), le pays avait surpassé les prédictions du FMI et retrouvé en peu de temps des performances similaires à celles des décennies 1970 à 1990.

Dans le peloton de tête des pays les plus dynamiques du continent, aux côtés du Rwanda et de l’Éthiopie, la Côte d’Ivoire, redevenue «la locomotive de l’Afrique de l’Ouest» affiche une inflation faible: bien en dessous des 3 % critiques requis par l’Union économique et monétaire ouest-africaine. Yamoussoukro est classée parmi les «économies les plus dynamiques d’Afrique subsaharienne» par la Banque mondiale, avec un PIB qui, selon le gouvernement ivoirien, a plus que doublé, passant de 21,5 milliards d’euros en 2010, à 49,7 milliards d’euros l’an dernier. À cela s’ajoutent un développement fulgurant des télécommunications, de l’énergie, des BTP et un boom de la construction, drainé par des projets tournés notamment vers le tourisme d’affaires (7 % du PIB)…

«Pas plus de pouvoir d’achat qu’il y a dix ans»

Pour les observateurs, ces chiffres mirobolants cachent une réalité moins reluisante. «Le bilan économique d’Alassane Ouattara est très mitigé», note Séraphin Yao Prao, professeur d’économie à l’université de Bouaké. Si le taux de pauvreté a baissé de 55,4 % en 2011, à 39,5 % en 2018, selon l’enquête menée par la Banque mondiale et l’Institut national de statistiques ivoirien, en coulisses, les experts ayant planché sur ce rapport évoquent «une bataille des chiffres et des désaccords nombreux sur la méthode de calcul». Les mesures prises par l’exécutif ont effectivement amélioré la santé économique globale du pays, mais elles n’ont que très faiblement contribué à améliorer la qualité de vie des ménages les plus fragiles et n’ont apporté que des bénéfices limités à la classe moyenne.

«Notre vie de famille n’a pas changé, on n’a pas plus de pouvoir d’achat qu’il y a dix ans», note Florence, étudiante en droit. «Au niveau macroéconomique, le pays enregistre des indicateurs au vert, l’investissement privé est passé de 6,3 % en 2011 à 14,3 % en 2017, l’investissement public, de 2,6 % à 6,8 %, donc il y a eu un véritable bond qualitatif, mais cette croissance a des défauts majeurs: peu de créations d’emplois, un taux de chômage toujours très élevé (23-26 %, NDLR) notamment pour les personnes instruites, un Smic (60.000 CFA, NDLR) toujours trop faible par rapport aux dépenses quotidiennes», alerte Séraphin Yao Prao. L’économie informelle représente 93 % de l’emploi. L’un des moteurs économiques demeure le secteur agricole, avec notamment l’huile de palme , la noix de cajou, l’hévéa mais surtout le cacao qui fait vivre un cinquième de la population et contribue pour 15 % au PIB . Mais le pays n’a pas accompli sa transition vers plus de transformation locale et reste trop dépendant des aléas du marché des matières premières.

Autre ombre au tableau: l’éducation et la santé accusent un retard considérable. L’alphabétisation est en hausse, les dépenses de santé ont légèrement augmenté, mais les hôpitaux sont toujours qualifiés de «mouroirs» par la population. Pendant sa précampagne, le gouvernement a lancé un plan social de plus d’un milliard d’euros sur deux ans pour tenter de réduire la pauvreté. «Trop tard», pour ceux qui se sentent floués. Meilleure illustration: l’indice de développement humain ne se situe toujours qu’à la 165e place sur 189.


0 COMMENTAIRE