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Crise des marchés financiers en Afrique : l'innovation comme levier de stabilité

31/10/2025
Source : ORISHAS FINANCE
Catégories: Indice/Marchés

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Les marchés monétaires et de capitaux africains se trouvent à un carrefour critique. Confrontés à une volatilité persistante des taux de change, à la fragilité économique et à la menace des risques de restructuration sur les emprunts locaux, ils suscitent une méfiance croissante chez les investisseurs. Pour transformer ces défis en opportunités, les experts appellent à une révolution des instruments financiers.

 

L'objectif est double : sécuriser les investissements à long terme et mobiliser les vastes ressources de l'épargne institutionnelle. Cependant, les financiers et les institutions de développement s'accordent à promouvoir les instruments novateurs comme une clé pour débloquer l'énorme potentiel de capitaux du continent.

Si les instruments financiers innovants et des mesures structurelles sont essentiels pour libérer le potentiel d'investissement, la perception qui est faite de la solvabilité ou non d’un pays joue un rôle très important. Dans ce processus, le rôle des agences de notation est de donner aux créanciers privés une estimation assez raisonnable des risques auxquels les pays débiteurs sont assujettis. Mais plusieurs pays, institutions et entreprises se lèvent depuis quelques années pour contester les notations estimant que les agences de notation exagèrent en surestimant les risques.

En marge du dernier sommet de l’UA à Addis-Abeba, le président kényan, William Ruto avait indiqué : « les agences de notation mondiales ne nous ont pas seulement joué un mauvais tour, elles ont aussi délibérément laissé tomber l’Afrique »,

Le niveau de risque très élevé attribué par les notations n’est pas sans conséquences sur les pays africains : Le coût du crédit des pays du continent est plus élevé que pour les autres. Entre 2020 et 2024, le taux d’intérêt moyen est estimé à 9.8% pour l’Afrique, contre 5.3 pour l’Asie et 6.8% pour les pays latino-américains. Pour les pays développés, il est beaucoup plus faible : par exemple il est 0.8% pour l’Allemagne et 2.5 pour les USA, selon UN Global Crisis Response Group 2024.

L’exagération dans le niveau de risque souverain des pays africains peut être dû à la faible connaissance des économies, ou au manque de confiance dans le système d’information financière des pays africains. Ainsi, l’Afrique travaille à lancer sa propre agence de notation afin de démystifier et démocratiser l’évaluation des crédits souverains.

L’initiative, portée par l’Union africaine, entend mieux refléter la réalité des risques sur le continent. Le but est loin d’être de concurrencer ou d’éliminer les agences de notation existante. Il s’agira d’encourager le développement des marchés financiers domestiques et élargir la base d’investisseurs locaux.

 

Défis des marchés monétaires et de capitaux en Afrique

La demande de financement est forte dans tous les secteurs, et un marché de capitaux bien développé pourrait contribuer à libérer de nombreuses opportunités économiques sur le continent. Cependant, les discussions autour des opportunités d'investissement sur les marchés de capitaux, suscitent des réactions diverses. Pour certains, ces marchés regorgent d'opportunités à saisir. Pour d'autres, les marchés de capitaux africains sont synonymes d'incertitudes réglementaires, de lenteur judiciaire, de marchés illiquides et d'une multitude d'obstacles à surmonter.

Le marché est confronté à un faible Taux d'Épargne Régional qui limite la base de capitaux locaux disponibles pour l'investissement et le financement du développement. L'Afrique subsaharienne affiche un taux d'épargne de 18 %, selon les données de la Banque mondiale, soit moins de la moitié de la moyenne mondiale de 36 %, en raison notamment du faible revenu disponible de sa population jeune.

L'un des principaux freins au développement des marchés de capitaux sur le continent est l'incertitude réglementaire persistante. Les investisseurs locaux et étrangers craignent toujours l'adoption de nouvelles lois susceptibles d'affecter les investissements ou le rapatriement des capitaux, voire de remettre en cause les fondements mêmes de leurs investissements initiaux.

La volatilité des taux de change, la fragilité économique, la gestion de la dette et les incertitudes politiques augmentent la prime de risque exigée par les investisseurs.

Le FMI a averti que la faible liquidité entrave la mobilisation de fonds. La capitalisation boursière des places financières en Afrique subsaharienne, hors Afrique du Sud, représentait en moyenne moins de 20 % du PIB, contre 50 % dans les autres économies en développement et 126 % dans les économies avancées.

Une faible liquidité rend plus difficile et plus coûteuse l'achat et la vente de titres, ce qui dissuade les investisseurs, en particulier les investisseurs institutionnels à long terme.

 Le risque de restructuration locale en cas de défaut de paiement crée une méfiance accrue et peut entraver les efforts de mobilisation des ressources internes.

Samuel Maimbo, expert en financement du développement et candidat à la direction de la Banque africaine de développement (BAD) ​​a déclaré à Reuters que les dirigeants devaient réformer « l’ensemble du système de financement » de l’Afrique pour débloquer davantage de liquidités.

 

Instruments innovants pour libérer des capitaux

L'innovation financière et structurelle est une voie essentielle pour attirer les capitaux et améliorer la résilience. Le FMI et ses partenaires encouragent des instruments innovants pour mobiliser les capitaux en Afrique, notamment le capital hybride lié aux droits de tirage spéciaux (DTS) pour un effet multiplicateur, des obligations vertes et durables, et le capital hybride avec garantie de crédit pour attirer les investissements privés. Le Fonds fiduciaire pour la résilience et la durabilité (FFRD) offre également des financements à long terme pour des enjeux comme le climat, comme le souligne le FMI.

A l’occasion du lancement des DTS en 2024, Dr Akinwumi Adesina, président de la Banque africaine de développement a indiqué que la région a besoin de solutions pour relever les défis croissants du développement en Afrique.

Les efforts visant à approfondir les marchés financiers, tels que la création de marchés d’actions dédiés aux PME et de marchés obligataires régionaux, peuvent élargir les options de financement. La Bourse de Victoria Falls (VFEX) au Zimbabwe offre un aperçu de l’innovation, en utilisant des cotations libellées en dollars américains pour attirer les investisseurs étrangers, mais une adoption plus large nécessitera la stabilité monétaire et la confiance des autorités de régulation.

En pleine croissance mondiale, les Obligations Thématiques (Vertes et Sociales) permettent de lier l'investissement à des objectifs de développement précis (climat, social). Elles attirent une nouvelle classe d'investisseurs (ISR), souvent moins sensibles à la volatilité politique immédiate, et peuvent même bénéficier d'une "prime verte" (rendements inférieurs) en raison de leur impact positif.

La Mobilisation de l'Épargne Institutionnelle représente un levier sous-utilisé. Des réformes réglementaires sont nécessaires pour les inciter à investir une part significative dans des projets d'infrastructure et sur les marchés de capitaux locaux, sous réserve d'une amélioration de la gouvernance et de la transparence.

Les Mécanismes de Réduction des Risques qui se traduit par l'utilisation de garanties, de rehaussements de crédit ou de plateformes de co-garantie, souvent mis en place avec le soutien d'institutions multilatérales, peut réduire le risque perçu des projets et obligations africaines, rendant ces actifs plus attrayants pour les investisseurs privés.

Félicienne HOUESSOU


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