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"FinCEN files" : la legerete des grandes banques face au blanchiment d'argent

21/09/2020
Source : France Médias Monde
Catégories: Economie/Forex

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France, septembre 21 -- De nouvelles revelations, publiees dimanche par plusieurs medias, ont permis d'eclairer a quel point les plus grandes banques ont ete les complices plus ou moins involontaires du blanchiment d'argent a l'echelle mondiale.

C'est l'etalage de linge sale du blanchiment d'argent. Cinq des plus grandes banques au monde ont valide plus de 2000 milliards de dollars de transactions suspectes entre 1999 et 2017, a mis au jour une enquete du site Buzzfeed en partenariat avec le Consortium international de journalistes d'investigation (ICIJ), publiee dimanche 20 septembre.

On y retrouve les noms de criminels notoires, comme Semion Mogilevich, le "Don" de la mafia russe, ou d'arnaqueurs de la finance de haut vol, tels que Jho Low, le fugitif malaisien et cerveau de la fraude planetaire 1MDB, associes a ceux d'institutions financieres de premier plan comme JP Morgan ChaseDeutsche Bank, Standard Chartered, Bank of New York Mellon ou encore HSBC.

2 100 "rapports d'activites suspectes"

"Cette affaire confirme bon nombre de soupcons qu'on pouvait avoir sur le role des grandes banques dans le blanchiment d'argent et y ajoute un luxe de details choquants", affirme Markus Meinzer, expert des reseaux internationaux de fraude fiscale pour l'ONG Tax Justice Network, contacte par France 24.

Ces revelations demontrent, par exemple, comment la banque HSBC a continue a accepter d'effectuer des virements douteux lies a des ressortissants russes soupconnes de corruption, alors meme qu'elle venait d'etre misea l'amende, en 2012, pour avoir blanchi des centaines de millions de dollars d'argent des cartels de la drogue sud-americains.

L'enquete suggere aussi que la banque JP Morgan Chase n'a pas appris de ses errements, au debut des annees 2000, avec le financier arnaqueur Bernie Madoff, puisqu'elle ne semble pas avoir par la suite entrepris de recherches plus approfondies sur certains de ces clients les plus louches. Elle a ainsi valide, entre 2010 et 2015, plus d'un milliard de dollars de transactions d'une petite structure chypriote, ABSI, qui servait, en realite, a blanchir une partie du magot du mafieux russe Semion Mogilevich, l'une des dix personnes les plus recherchees par le FBI.

Toutes ces informations proviennent de plus de 2 100 "rapports d'activites suspectes" (Suspicious activity report ou "SAR"), obtenus par le site Buzzfeed. Il s'agit d'alertes lancees par les controleurs internes des banques au sujet de comptes ou transactions qui pourraient servir a blanchir de l'argent. Les institutions financieres sont, ensuite, tenues de transmettre ces documents a la FinCEN (Financial Crime Enforcement Network), l'autorite americaine de lutte contre la criminalite en col blanc. D'où le nom de cette nouvelle affaire : les "FinCEN files".

Bottes, lingerie et soupcons

Au-dela de l'inventaire a la Prevert des manquements de HSBCDeutsche Bank ou JP Morgan dans la lutte contre le blanchiment d'argent, cette affaire revele surtout "les limites du systeme des 'SAR'", juge Markus Meinzer. Les banques, une fois le document transmis a la FinCEN, ne sont pas obligees d'interdire la transaction. "Elles se servent de ces rapports d'activites suspectes pour se laver les mains des consequences des transactions qu'elles autorisent malgre tout", regrette ce specialiste de la fraude fiscale internationale. Dans plus de 50 % des cas, les banques n'ont pas bloque ces operations douteuses, a constate Buzzfeed.

Certaines de ces transactions validees presentaient pourtant tous les atours de l'effort manifeste de blanchiment. C'est notamment le cas de NoviRex, une etrange societe de petits electromenagers ouverte en 2010 a Londres. Elle a rapidement commence a payer des factures de plusieurs centaines de milliers de dollars a diverses entreprises situees dans des paradis fiscaux pour des pretendus achats ayant tres peu a voir avec son cœur de metier : 200 000 dollars en lingerie, ou 400 000 dollars pour des bottes pour femmes.

Pourtant, JP Morgan a accepte NoviRex comme client. "Si j'etais JP Morgan et qu'on me montrait les comptes de cette entreprise, je trouverais ca immediatement horriblement suspect", a affirme Martin Woods, un ancien detective de la police britannique specialiste des crimes financiers, interroge par le Consortium international des journalistes d'investigation. NoviRex s'est, en effet, revele etre trop louche pour etre honnete : la justice americaine a decouvert en 2017 que cette entreprise etait utilisee par l'entourage de l'ex-president ukrainien Viktor Ianoukovitch pour blanchir de l'argent provenant de la corruption.

Uber du blanchiment

Ces grandes banques preferent fermer les yeux parce que cela rapporte enormement. Pour comprendre leur interet financier dans cette affaire, il faut en revenir a leur role dans le circuit financier international. "Elles sont les seules a pouvoir valider des transferts de fonds internationaux en dollars, ce qui est vital pour ceux qui veulent blanchir l'argent", explique Markus Meinzer.

Au depart, lorsqu'un criminel veut mettre son argent sale a l'abri, il le depose dans une petite banque locale pas trop regardante sur l'origine des fonds. Mais ensuite, il veut que son pactole soit vraiment en securite dans un ou plusieurs comptes off-shore. Pour cela, il faut passer par une banque plus importante qui a acces au marche financier americain, par lequel passe la quasi-totalite des flux internationaux de capitaux.

Les HSBCDeutsche Bank et quelques autres detiennent ce precieux sesame, et ces banques vont donc facturer des juteuses commissions pour valider ces transactions en dollars. Elles servent donc d'intermediaires, un peu comme des "Uber du blanchiment". Ce sont elles qui transportent l'argent vers sa destination finale. Elles ne savent pas forcement qu'il est sale, mais ne font pas beaucoup d'effort pour s'interesser a son origine, a demontre ce nouveau scandale.

L'argent que ces banques se font grace a ces mouvements de fonds douteux vaut bien le risque de se faire pincer parfois par les autorites financieres. Ainsi, en 2014, lorsque JP Morgan a du regler 2,6 milliards de dollars pour solder son role dans l'affaire Madoff, elle a aussi enregistre pres de 22 milliards de dollars de profits, dont une part importante en commissions sur des transferts internationaux, souligne l'ICIJ.

Ces nouvelles revelations "prouvent une fois de plus que les sanctions pecuniaires ne decouragent pas ces banques d'etre les complices passifs de cette criminalite transnationale", affirme Markus Meinzer.

Pour lui, ce serait l'occasion revee d'accentuer la pression sur ces grandes banques internationales. "Il faudrait, en plus des rapports d'activites suspectes, que ces institutions puissent etre tenues de communiquer aux autorites l'identite precise des clients concernes par ces operations", assure-t-il. Trop souvent dans les 'SAR' consultes Buzzfeed, la banque affirme n'avoir pas pu identifier le veritable beneficiaire des transactions. Une telle obligation les pousserait, peut-etre, a mener des enquetes plus approfondies sur l'origine des fonds.

Elles pourraient ainsi plus difficilement pratiquer la politique de l'autruche et dire qu'elles ne savaient pas. Il faudrait aussi, d'apres Markus Meinzer, condamner les banquiers a des peines de prison "pour faire passer un message clair". Car apres tout, rappelle-t-il, la legerete actuelle des controles bancaires sur ces flux illicites permet a des mafieux de financer des activites qui peuvent tuer ou a des politiciens corrompus de ruiner des pays.

Publié par HT Digital Content Services avec la permission de France 24 (French). Publié par HT Digital Content Services avec la permission D’Alwihda info. Pour toute requête à l'égard de cet article ou toute autre exigence de contenu, contactez- rédacteur s'il vous plaît en chef à [email protected]


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