En lançant Threads, le dirigeant de Meta espère séduire les déçus de Twitter. Mais le projet s'inscrit aussi dans le cadre d'une concurrence personnelle et ancienne avec Elon Musk dans la Silicon Valley.

Elon Musk et Mark Zuckerberg s'affronteront-ils sur un ring, lors d'un duel de MMA à Las Vegas ou dans le Colisée romain ? Depuis que le patron de Twitter a dit qu'il était « partant pour un combat en cage » avec le fondateur de Facebook, les amateurs de cet art martial hybride, à mi-chemin entre la lutte gréco-romaine et la boxe, se préparent pour le « match du siècle ». Goguenard, Mark Zuckerberg n'a pas dit non. Depuis, les conseillers des milliardaires négocieraient en coulisse les préparatifs, selon le « New York Times ».

Même s'il se peut que le combat n'ait finalement jamais lieu, en attendant, Mark Zuckerberg a déjà ouvert les hostilités avec Threads (lire ci-dessus). Le lancement est stratégique : il s'agit de la première création d'appli ex nihilo par Meta depuis celle de Facebook en 2004, Instagram et WhatsApp ayant été rachetés par Facebook respectivement en 2012 et 2014.

La Valley, un terrain d'affrontements

Threads illustre à merveille la rivalité très personnelle qui se joue entre la première et la dixième fortune mondiale. La Silicon Valley, berceau d'Internet, a toujours été un terrain d'affrontements entre les milliardaires de la tech. Dans les années 1980, les ennemis les plus célèbres ne sont autres que Steve Jobs et Bill Gates. Lorsque ce dernier met au point Windows, le cofondateur d'Apple y voit un coup de poignard dans le dos, lui qui espérait travailler avec Microsoft pour la partie logicielle des Macintosh naissants…

Mais aujourd'hui, la course mondiale vers l'intelligence artificielle réactive les rivalités dans la Valley. Dans le search, par exemple, Microsoft compte bien utiliser l'IA pour offrir à Bing (son moteur de recherche) une nouvelle jeunesse face à Google. Dans une interview au site The Verge début février, Satya Nadella, le PDG de Microsoft, a même comparé Google à « un gorille de 800 livres », sous-entendant que son rival était trop lourd pour saisir la révolution de l'IA…

Deux milliardaires que tout oppose

En ce qui concerne Elon Musk et Mark Zuckerberg, tout les oppose. De l'âge (52 ans versus 39 ans) au style de communication (incontrôlable chez l'un, hypermaîtrisée chez l'autre). Sans oublier les frontières de leurs empires. Si Musk a un royaume multiforme, allant de l'automobile avec Tesla au spatial avec SpaceX, celui de Zuckerberg est circonscrit aux réseaux sociaux. Le fondateur de Facebook a eu du mal à diversifier son groupe, en témoigne l'échec de Libra, le projet de cryptomonnaie, ou ses casques Quest qui ont trouvé un succès limité.

Or, justement, Mark Zuckerberg aurait longtemps été jaloux du côté « touche-à-tout » d'Elon Musk, selon la presse américaine. En retour, le Sud-Africain aurait longtemps été envieux de la vitesse à laquelle Zuckerberg s'est enrichi grâce à un simple réseau social, lui qui a dépensé des milliards pour envoyer des fusées dans l'espace. Dans ce contexte, le rachat de Twitter a relancé les hostilités. Au même moment où Mark Zuckerberg rétrécissait son empire, en licenciant un quart des effectifs de Meta en un seul semestre, Elon Musk, lui, agrandissait le sien en mettant la main sur le réseau social le plus influent de la planète. Ce n'est d'ailleurs pas un hasard si Mark Zuckerberg n'a pas tweeté… depuis 2012.

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