Alain Guelennoc, directeur général de Federal Finance Gestion

L’Agefi : L’euro-dollar reprendra-t-il sa hausse sans que la banque centrale européenne (BCE) ne réintervienne ?

Alain Guelennoc : La progression de l’euro est restée limitée. De 1,08 mi-mai à moins de 1,17 dollar aujourd’hui, c’est moins de 10%, et moins de 4% en taux de change effectif (comparé à un panier de monnaies). C’est mineur, d’autant que l’indice des conditions financières n’a que très peu bougé. L’euro n’est donc pas cher, comme l’atteste d’ailleurs l’évolution du solde commercial de la zone. La hausse de l’euro pourrait se poursuivre, au moins jusqu’à 1,25 dollar selon nous, avant d’être vraiment un souci pour la BCE.

Plus généralement, comment voyez-vous évoluer le dollar par rapport aux diverses devises ? La Fed ne vous semble-t-elle pas trop optimiste sur la reprise aux Etats-Unis ?

Le dollar reste la devise privilégiée en cas d’aversion au risque. A court terme, il pourrait repartir à la hausse en cas de reprise de la pandémie impactant à nouveau la croissance mondiale. Compte tenu de l’acquis de croissance aux Etats-Unis, il faudrait un troisième et un quatrième trimestres très forts pour tenir l’objectif de croissance de -3,7% du PIB sur 2020 annoncé par la Fed. Cela semble peu probable compte tenu de la persistance de la crise sanitaire, et alors que la campagne électorale en cours ne permet pas de décisions de relance majeures.