En plein conflit sur le prix des fèves pour la saison en cours, le directeur du Conseil Café Cacao, Yves Brahima Koné, vient d'annuler près de 1 200 opérations de chargement par les géants Cargill, Olam et Barry Callebaut.

Le différend entre les majors du négoce et le Conseil café cacao (CCC) est en passe de virer à la guerre de tranchée. Fin novembre, le directeur général du CCC, le gendarme ivoirien de la filière cacao, Yves Brahima Koné, a annulé plus de 1 200 "connaissements", le document qui accompagne les chargements de 35 à 40 tonnes de cacao par camion, conclu par plusieurs négociants internationaux parmi lesquels le géant américain Cargill, l'indo-singapourien Olam et le suisse Barry Callebault. Ce sont donc près de 45 000 tonnes de fèves de cacao au total qui n'ont pas pu être acheminées jusqu'au port d'Abidjan et sont actuellement bloquées. Une décision qui sanctionne, selon le gendarme du cacao ivoirien, le "non-respect" des règles en vigueur par les géants de la filière. Ces derniers, qui sont en effet tenus de faire valider préalablement chaque "connaissement" par le CCC, n'auraient pas signalé les chargements bloqués à l'organisme.

Lionel Soulard, le directeur Afrique de l'Ouest de Cargill, s'est ouvertement plaint auprès d'Yves Brahima Koné, lors d'un appel téléphonique durant lequel il a qualifié la décision du CCC d'"unilatérale". Il s'agit d'une étape de plus dans le bras de fer qui fait rage depuis un mois entre le CCC et les exportateurs de cacao. Dans le cadre de la campagne de commercialisation 2020-2021, les majors refusent toujours de s'aligner sur les tarifs jugés trop "élevés" des producteurs.

Fin novembre, Cargill a par ailleurs ravi la place de numéro 1 de la filière à Olam avec des achats cumulés s'élevant à près de 117 000 tonnes, contre 112 000 pour le Singapourien et près de 102 000 pour Barry Callebaut.