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Afrique : Le transport aérien à l'épreuve du COVID -19

04/04/2020
Source : Fraternite Matin
Catégories: Taux

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La survie des compagnies menacée (DR) Le transport Aérien International aujourd'hui, une hécatombe
effroyable. Tous les spécialistes et analystes de l'économie des Transports Aériens, toutes les Organisations
professionnelles dédiées (OACI, IATA, ACI/CIA, FUNUAP, etc.), tous les Etats du monde, comme les
Organisations multilatérales, sont aujourd'hui unanimes et terrifiés à constater, dans une totale impuissance,
l'extraordinaire et la catastrophe effroyable du tsunami économique qui s'est abattu soudainement sur le
secteur aérien international, après juste un mois et demi de ravage de la pandémie mondiale du COVID 19.
Nul doute, c'est toute l'économie mondiale des transports aériens, toute la configuration et l'architecture de
cette industrie internationale qui se trouvent et se trouveront davantage chamboulées, sans considération de
la taille des structures qui y opèrent, des statuts juridiques qui encadrent leurs activités, de la sophistication
de leurs organisations et de leur management, des alliances stratégiques, des volumes des marchés, du flux
des trafics, des flottes d'avions, des structures des réseaux, etc. C'est le chamboulement total. Il faut le dire
sans fard, c'est tout un monde qui chavire, qui s'effondre. entrainant une hécatombe jamais connue par le
passé. Un vieux monde nous quitte. Et comme toujours, Eternelle Transcendance et Impérieuse Loi Divine,
Vie et Mort, Mort et Vie, alternent et s'imbriquent, rythmant le cours de l'Histoire, pour conduire les sociétés
humaines dans des évolutions et des mues sans fin. Quel monde du transport aérien sera-t-il ? A l'échelle
internationale ? en Afrique ? dans notre sous-région Afrique de l'Ouest ? Qui peut dire ? Une certitude
toutefois, un autre monde sera. et tout en pointillé, devinons-le. Le retour de l'Etat Régalien, le seul Sauveur.
Je ne crois pas que, sans intervention massive, vigoureuse et volontaire des Etats régaliens aucune
compagnie aérienne du monde, publique ou privée ne puisse s'en remettre. Il est impossible dans cette crise,
et aussitôt après, qu'avec seules, les dynamiques propres et internes de l'économie des transports aériens,
une auto régulation autonome puisse se faire. Il est constant de constater que depuis la dernière guerre, les
marges internes dans les transports aériens ont toujours été faibles, incapables par elles-mêmes de générer
et d'assurer seules, sans des transferts extérieurs, les massifs investissements capitalistiques que requiert le
secteur. Le 1er Ministre français vient d'annoncer la couleur, affirmant que son pays n'hésitera pas à recourir
au subterfuge de la renationalisation par l'Etat français d'Air France, pour son sauvetage express de la crise
actuelle. Ses pairs européens ébauchent des plans de même nature. L'Union Européenne vient de lever une
sévère contrainte budgétaire, pour laisser plus de marge à ses Etats membres, afin davantage pouvoir
s'endetter et se doter ainsi plus de moyens de faire face à la terrible crise économique qui va survenir. Une
toute dernière information tombe pour apprendre que le gouvernement italien vient de renationaliser Alitalia.
Tout le monde a en souvenir aussi le précédent américain, lors de la crise financière de 2007-2008, qui avec
de colossales injections directes de capitaux de l'Etat fédéral et de la Federal Reserve Bank ont pu permettre
de sauver les banques américaines privées du naufrage total. Bis repetita 12 ans après, le Président Trump,
cette fois encore, n'hésitera pas à voler au secours des compagnies aériennes privées par des injections
massives de capitaux. Et aujourd'hui toujours, même l'ultra libérale IATA ne voit pas d'autres voies possibles
si ce ne sont les recours aux interventions publiques des Etats. La question immédiate et essentielle est
surtout, sera-ce suffisant pour sauver les meubles ? Et quel sort pour l'Afrique de l'Aérien, dans ce
chamboulement par le COVID 19 Comme toujours, notre continent vit en décalé le rythme de l'économie
mondiale. Les soubresauts l'atteignent en seconde ou troisième vague, et parfois même quatrième vague ou
plus avec des ravages incommensurables compte tenu de l'indigence de moyens. L'économie des transports
aériens dans le continent est extrêmement faible, peu de ses compagnies aériennes peuvent se prévaloir de
la taille minimale pour exister dans le marché mondial. South Africa Airways (SAA) pratiquement dans une
mort clinique risque de ne plus se relever. Kenya Airways déjà très fragilisé par une récente restructuration
risque de retomber dans de grands déséquilibres qui l'avaient plombé. EgyptAir, Royal Air Maroc sans
intervention importante, et directe de leur état respectif ne pourront reprendre ne serait-ce que la moitié du
niveau de leurs activités récentes. Seule Ethiopian Airlines, qui est la 1ère compagnie continentale, fierté
actuelle de l'Afrique, peut espérer pouvoir faire face avec difficulté, vu son histoire, ses expériences
passées, son management et sa taille relative. C'est assurément un grand défi aujourd'hui pour sa Direction
actuelle. Et celui-là n'est pas gagné d'avance. Notre sous-région Afrique de l'Ouest ne présente pas une
meilleure figure. Le Nigéria de 203 millions d'habitants, jalousement protecteur de son marché intérieur et d'un trafic captif, encloître des compagnies aériennes privées menées par des managements hasardeux et
incertains. La crise actuelle en balayera beaucoup, et l'Etat fédéral tentera d'en sauver un certain nombre. La
partie n'est pas aussi gagnée. Les autres compagnies aériennes de la sous-région francophone, Air Côte
d'Ivoire, la toute dernière-née Air Sénégal SA, TACV, Air Burkina, ASKY vont se retrouver étouffées par la
montagne de dettes issues de leur endettement récent, qui a financé leurs derniers actifs avions ; elles vont
être fragilisées face aux ECA (Export Crédit Agency), face aux lessors et aux avionneurs de qui ces actifs
sont acquis. Si ASKY suivra le sort que voudra bien lui réserver son mentor Ethiopian Airlines, les 3 autres
pavillons nationaux (Air Côte d'Ivoire, Air Sénégal SA et Air Burkina) qui voient leur destin très fortement lié à
la volonté de leurs états respectifs seront paralysés, s'il n'y a pas injection de plusieurs dizaines de milliards
de FCFA de leurs propres Etats, afin de réamorcer de bien pénibles redémarrages. Les Etats sont
aujourd'hui incontournables. J'espère que les nôtres en sont bien conscients. Un mode s'effondre.... Un autre
s'ébauche. Sept années sont passées déjà, dans un désespéré appel direct à deux de nos chefs d'Etat
francophones de notre région, M. Macky Sall et M. Alassane Ouattara, j'écrivais en éditorial du bimestriel «
Transports et Tourisme International » N° 16 de février-mars 2013, sous le titre que Lapalisse ne saurait
renier, l'invite suivante, « Ce que nous ne pouvons pas seul, Nous le pouvons à plusieurs ». ''Si hier,
Houphouët Boigny et Léopold Sédar Senghor avaient réussi la prouesse de mettre sur pied Air Afrique, qui a
pu exister 40 ans durant, avec beaucoup de succès économiques multiformes, aujourd'hui les circonstances
placent Alassane Ouattara et Macky Sall dans une position historique privilégiée pour reprendre le flambeau
et jeter les bases d'une des compagnies régionales, qui potentiellement peut devenir l'une des puissances en
Afrique. A l'instar de ce que sont Royal Air Maroc et Egyptair au Nord de l'Afrique, Ethiopian Airlines et
Kenyan Airways à L'Est ou South African Airlines au Sud du Continent. Ce faisant, sans nul doute, ils
entraineront tous les autres pays de la zone de l'UEMOA et de la CEDEAO qui vivent la même communauté
de destin''. Plus loin j'ajoutais que '' c'est surement la voie. Il y faut de la volonté politique, de la détermination
des responsables au plus haut niveau et de la coopération entre nos Etats. Je crois que Macky Sall et
Alassane Ouattara peuvent porter cette grande initiative régionale sans coup férir. Les deux pays en ont les
moyens''. Hélas ! Hélas ! 3 fois Hélas ! Cet appel n'eut aucun écho. Le temps a coulé. Les 2 pays ont
cheminé seul, chacun de son côté, s'aventurant à des pavillons nationaux qui ont peine à véritablement se
déployer, limités et cloitrés qu'ils sont dans des marchés exigus, qu'ils se disputent farouchement, entre eux
et avec d'autres. Pire, si on devait s'amuser à additionner les déficits et pertes cumulées de l'activité de ces 2
compagnies aériennes ces 7 années durant, ce n'est pas moins de 250 milliards de nos francs FCFA qu'il
faudrait inscrire en report à nouveau dans les comptes de leur bilan respectif. Aucune de ces compagnies
aériennes n'a jamais gagné de l'argent durant tout ce temps. Et loin devant encore, ils n'en gagneront point.
Ce sont nos Etats qui les supportent à bout de bras. Un vieux monde s'effondre. un autre s'ébauche. il est en
devenir.incertain et flou, qui accouchera de paradigmes nouveaux. Le COVID 19 nous invite à apprendre de
notre passé, à devoir nous interroger nous-même, sur nos succès et nos échecs, surtout nos échecs, pour
pouvoir comprendre et btir un autre monde, plus libre, plus empathique et plus prospère. Air Sénégal et Air
Côte d'Ivoire unifiées c'est une flotte de plus d'une vingtaine d'avions regroupés, une réseau régional et
international mieux structuré, et une crédibilité et rationalité économique plus réelles. Il y suffit de volonté
politique. Les Etats, les seuls sauveurs. M. Tahir NDIAYE Directeur Général - Ecole Supérieure Aéronautique
(ESA) Ex Directeur Régional Adjoint IATA CWA Ex Directeur Régional Galileo/Travelport CWA


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