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BAD : le Nigeria juge anti-statutaire l’enquête indépendante visant Adesina

29/05/2020
Source : La Tribune.fr
Catégories: Taux

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Sans surprise, le Nigeria intervient en faveur du président de la Banque africaine de développement (BAD),
Akinwumi Adesina, et s’oppose formellement à l’enquête indépendante réclamée par les Etats-Unis qui
suscite une certaine tension au sein du conseil des gouverneurs de la Banque.
L'argumentaire est construit en dix points. Mais c'est au septième point que l'on en arrive à ce que recherche
effectivement le Nigeria à travers cette lettre adressée jeudi 28 mai à Kaba Niale, ministre ivoirienne du Plan
et du développement et présidente du bureau du conseil des gouverneurs de la Banque africaine de
développement (BAD), consultée par La Tribune Afrique. Zainab Shamsuna Ahmed, ministre nigériane des
Finances et gouverneur pour le Nigeria à la BAD, auteure de la lettre, s'exprime au nom d'Abuja. Elle estime
anti-statutaire l'enquête indépendante visant Akinwumi Adesina, président de la BAD, réclamée par le
secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin et discutée lors d'une réunion du bureau du conseil des
gouverneurs mardi soir et dont le contenu a fuité, faisant état d'une validation de la demande américaine. «
La demande d'une enquête indépendante concernant le Président ne relève pas des règles, procédures et
système de gouvernance de la Banque et de ses statuts en ce qui concerne le code de conduite éthique du
président », déclare la représentante du Nigeria à la BAD, estimant que la disculpation récente d'Adesina
suite à l'enquête du comité éthique, « a suivi les règles, procédures, directives et lois applicables de la
Banque ». C'est une prise de position sans surprise, puisqu'en règle générale, les pays tentent de défendre
leurs ressortissants dans de telles circonstances. Et la ministre nigériane argumente : « en tant que Conseil
des gouverneurs, nous devons défendre la primauté du droit et respecter les systèmes de gouvernance de la
Banque. S'il existe des problèmes de gouvernance qui doivent être améliorés, ceux-ci peuvent être examinés
et des amendements proposés pour adoption conformément aux procédures établies ». Petite contradiction
avec Kaba Niale... Le lettre de la ministre nigériane contredit cependant la ministre ivoirienne Kaba Niale qui,
au nom du bureau du conseil des gouverneurs de la BAD, s'est fendue d'un communiqué datant du mercredi
27 mai et transmis à la presse jeudi : « Je dois souligner qu'il n'y a pas de crise institutionnelle au sein du
Groupe de la Banque africaine de développement ». Kaba Niale « tient à rassurer le public » que le bureau
du conseil des gouverneurs de la BAD « s'est saisi de l'affaire et qu'il l'a traite avec la plus grande rigueur et
avec tout le sérieux qu'elle mérite ». Bras de fer Nigeria - Etats-Unis signalé ? Dans sa lettre, le Nigeria passe
en revue les « accomplissements » d'Adesina aux commandes de la BAD depuis 2015, citant l'augmentation
de capital de la Banque d'octobre 2019, le dispositif financier de lutte contre la pandémie de coronavirus et le
soutien de l'Union africaine (UA) et de la CEDEAO à sa réélection. « Nous demandons instamment que le
processus établi par la banque soit suivi pour protéger et préserver notre banque », martèle Zainab
Shamsuna Ahmed. La pression monte au siège de la BAD à Abidjan. Kaba Niale reconnait avoir reçu, bien
avant la missive nigériane, « des lettres de certains actionnaires exprimant des points de vue différents ».
Tout porte à croire que le conseil des gouverneurs de la BAD se dirige vers un bras de fer entre le Nigeria et
les Etats-Unis -les deux plus importants actionnaires de la BAD, confirmant ainsi la thèse d'une opposition de
camps dans les hautes sphères de l'une des institutions africaines les plus influentes. Accusé de favoritisme
envers ses compatriotes au sein de la BAD, de la nomination de personnes parfois reconnues coupables de
corruption ou encore d'irrégularités présumées dans l'attribution de contrats par un groupe de lanceurs
d'alerte interne à la Banque, Akinwumi Adesina clamait encore son « innocence » dans un communiqué
mercredi. Fin avril, il a été disculpé de toutes ces allégations jugées « non fondées, non corroborées et non
étayées » par le comité éthique à l'issue de l'enquête interne. Une pilule difficile à avaler pour les lanceurs
d'alerte qui, émettant dans des doutes sur le processus de cette première démarche, ont appelé le conseil
des gouverneurs à une enquête indépendante. D'après le Nigeria cependant, les actionnaires devraient s'en
tenir à la décision du comité d'éthique. Zainab Shamsuna Ahmed estime que même en cas d'une seconde
enquête, celle-ci devrait être réalisée par ledit comité. Ce que les Etats-Unis n'entendent pas de cette oreille,
considérant que « l'étendue, la gravité et la précision » des allégations contre Adesina nécessitent une
enquête indépendante pour garantir la confiance des actionnaires pour la réélection du leader nigérian. «Refuser l'enquête indépendante ne fera que conforter les soupçons » A l'extérieur, observateurs et analystes
estiment la situation plutôt complexe à ce stade. « Refuser l'enquête indépendante ne fera que conforter les
soupçons, car la règle veut que lorsqu'on a rien à cacher, on ne se refuse pas au contrôle. Donc l'attitude du
Nigeria ne joue pas en faveur du président Adesina, bien au contraire », analyse pour La Tribune Afrique un
économiste. La voix du Nigeria se fera-t-elle entendre dans la suite de cette affaire? Candidat à sa propre
réélection, l'avenir d'Akinwumi Adesina à la tête de la BAD se jouera du 25 au 27 août prochain. Article mis à
jour vendredi 29 mai 2020 à 16:26.


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