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Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play StoreAux États-Unis, Donald Trump a dévoilé son projet de budget pour l’année fiscale 2026, le vendredi 2 mai 2025. À l’exception des dépenses militaires et sécuritaires, la première ébauche du budget pour son second mandat réduit drastiquement les aides allouées à des institutions clés opérant en Afrique. Plusieurs institutions et programmes actifs sur le continent figurent parmi les victimes de ces réductions. Il s’agit notamment de la Banque Africaine de développement (BAD), l’Agence américaine pour le développement international (Usaid), le Fonds international de développement agricole (Fida), Millennium Challenge Corporation (MCC), etc…
Pierrette COLICO
Alors que l’onde de choc provoqué par l’annonce de l’imposition de droits de douane titanesques en Afrique n’en finit pas de faire chuter les marchés, l’ampleur des coupes auxquelles procède l’administration Trump dans l’aide américaine se révèle aussi particulièrement massive. La Maison Blanche entend rediriger les fonds américains vers des mécanismes d’investissement jugés plus « rentables », via la U.S. International Development Finance Corporation (DFC), axée sur le retour sur investissement privé. Selon les termes de l’administration Trump, les aides multilatérales actuelles, notamment celles axées sur le climat, l’égalité des genres ou la gouvernance démocratique, seraient trop « idéologiques ou radicales », jugées inutiles ou contraires à la ligne politique actuelle.
Concrètement, la première institution africaine touchée par le coup de rabot américain est la Banque africaine de développement (BAD), à travers le Fonds africain de développement (FAD). Il est privé de plus de 555 millions de dollars. Les États-Unis envisagent de supprimer ses subventions au FAD de la BAD. Pour la Maison Blanche, ce programme, qui permet aux États africains d'obtenir des prêts à des taux d'intérêt inférieurs à ceux du marché pour financer des projets de développement, « n'est pas aligné sur les priorités de l’administration ».
En réalité, le FAD créé en 1972, et entré en activité en 1974, contribue à la promotion du développement économique et social dans les pays africains les moins développés en fournissant des financements concessionnels pour des projets et des programmes, ainsi qu'une assistance technique pour des études et des activités de renforcement des capacités. Lors du dernier cycle de financement de ce Fonds, entre 2023 et 2025, les États-Unis y avaient investi près de 700 millions de dollars, une somme qui en faisait le troisième contributeur derrière l'Allemagne et la France, permettant ainsi à 27 pays du continent de trouver de l'argent à moindre coût. C’est le cas du Mali qui avait pu financer grâce à cette subvention, des projets de sécurité alimentaire et nutritionnelle.
Il faut noter que la Banque panafricaine et le gouvernement américain ont une longue expérience de collaboration axée sur les résultats dans plusieurs domaines. Par exemple, la Sécurité alimentaire, dans laquelle les États-Unis ont annoncé en décembre 2022 un financement de 15 millions de dollars pour soutenir la Facilité africaine de production alimentaire d’urgence de la Banque, lancée en mai 2022 en réponse aux perturbations de l’approvisionnement alimentaire sur tout le continent résultant de la guerre entre la Russie et l’Ukraine. Dans le domaine de la transformation agricole, le gouvernement américain s’est récemment engagé à soutenir le Programme de financement des risques de catastrophe en Afrique (ADRiFi) pour aider les pays africains à être plus résilients face aux chocs climatiques tels que les inondations et les épisodes de sécheresse.
En ce qui concerne les corridors, les États-Unis et la Banque africaine de développement figurent parmi les signataires d’un protocole d’accord qui réunit des partenaires mondiaux en vue de mobiliser des ressources pour le corridor de Lobito. Une fois achevé, le programme ferroviaire et routier élargira un corridor économique reliant l’Angola, la République démocratique du Congo et la Zambie aux marchés mondiaux. Le programme offrira également des opportunités de développement de la chaîne de valeur agricole qui utilise les infrastructures de transport le long du corridor de Lobito. La Banque a engagé 500 millions de dollars pour soutenir ce projet. Elle travaille également avec les États-Unis et d’autres partenaires du développement pour approuver et financer des corridors sur le continent.
Projets et programmes réalisés en collaboration avec les Etats-Unis
Par l’intermédiaire de l’USAID, les États-Unis ont participé à diverses initiatives et fonds de la Banque. En effet, 120 millions de dollars US ont été fourni pour le Fonds pour l'accélération du développement agricole et l'Africa Risk Capacity (ARC) ; 26 millions de dollars US engagés pour le Fonds pour l'énergie durable en Afrique (SEFA) sur quatre ans, dans le cadre de l'initiative Power Africa. 5 millions de dollars ont été reçus en 2015 et 11 millions de dollars en 2016. Un financement supplémentaire de 2,47 millions de dollars pour SEFA 2.0 a été reçu en 2021 et 6,2 millions de dollars en 2023. Pour faciliter la préparation de projets dans le secteur agricole, le Fonds pour l'accélération du développement agricole avait bénéficié de 11 millions de dollars US. 3 millions de dollars US pour la Facilité africaine de soutien juridique. 200 000 dollars US pour le Fonds Migration et Développement. 15 millions de dollars US pour le Programme de financement des risques de catastrophes en Afrique (ADRiFi). Un mémorandum d'entente (MOU) a été signé en 2016 avec la Millennium Challenge Corporation (MCC) pour le partage d'informations et de données, en particulier dans le secteur de l'énergie, avec un accent sur la mobilisation d'investissements privés ainsi que d'éventuels co-investissements dans des projets régionaux et nationaux. Un nouvel Accord sur les objectifs de développement régional a été signé entre la BAD et Prosper Africa de l'USAID en septembre 2020, avec un accent particulier sur la stratégie d'industrialisation, le commerce et l'intégration régionale.
Le Fonds international de développement agricole (FIDA) n’est pas des moindres en ce qui concerne les partenariats et financement des États-Unis. Les États-Unis sont des membres fondateurs du FIDA depuis sa création en 1977 et son premier donateur. Ils ont contribué à hauteur de 1,1 milliard d’USD au cycle de reconstitution des ressources actuel sur trois ans et ont annoncé le déblocage de 129 millions d’USD supplémentaires. En effet, le 17 novembre 2022, le Fonds international de développement agricole (FIDA) des Nations Unies et le Département d'État américain ont annoncé un nouveau partenariat afin d’aider les petits exploitants agricoles des pays en développement à mieux s’adapter aux changements climatiques et à réduire leurs émissions de méthane, un gaz hautement polluant. Aussi, dans le cadre du Pacte mondial sur le méthane, les États-Unis et le FIDA vont œuvrer de concert afin de faire de l’atténuation des émissions de méthane une priorité dans le cadre des projets du FIDA actuellement à l’étude. Ces projets représentent un financement estimé à 500 millions d’USD et appliqueront des techniques faiblement émettrices dans des domaines souvent considérés comme émettant de grandes quantités de méthane, tels que l’élevage ou la riziculture. Le FIDA a alloué 1,2 milliard d’USD au financement de l’action climatique entre 2019 et 2021, la plus grande partie des fonds ayant été affectée à des activités d’adaptation (1,1 milliard d’USD).
En Côte d’Ivoire, un autre projet du FIDA améliore la fertilité du sol et stabilise 1 000 hectares d’installations hydroagricoles dans le district de Zanzan à l’aide de techniques d’agroforesterie et de légumineuses comme le mucuna et l’albizia. De plus, 10 000 hectares seront cartographiés pour déterminer la fertilité du sol, fournissant ainsi des données essentielles pour améliorer la productivité des cultures. Au Malawi, le projet VACS du FIDA développe, avec l’aide initiale du Gouvernement des États-Unis, cinq cultures climatorésilientes (la patate douce, le sorgho, l’éleusine cultivée, le niébé et le sésame), grâce à une sélection végétale améliorée, à des systèmes semenciers communautaires et à des partenariats avec des transformateurs de produits agricoles. De même, au total 4 000 ménages souffrant d’insécurité alimentaire améliorent leur accès à des aliments sains et nutritifs en introduisant 25 nouvelles variétés, produisant ainsi 43 000 fagots de patates douces et plus de 7 tonnes de sorgho et de graines de sésame. Chaque année, 8 000 agriculteurs apprendront de nouvelles pratiques améliorées grâce à huit fermes de démonstration.
Conséquences de la suspension des aides américaines sur les projets de développement en Afrique
Couper les vivres à un acteur clé comme la BAD, c’est priver l’Afrique d’un levier essentiel à son développement. La décision aurait un effet immédiat sur la capacité de la BAD à financer des projets d’envergure en Afrique subsaharienne. Les secteurs les plus touchés seraient ceux de l’agriculture, des infrastructures, de la santé et de la transition énergétique, pourtant vitaux pour le développement durable du continent. Cette coupe tombe au pire moment alors que la BAD s’apprête à lancer sa 17e reconstitution des ressources du FAD pour la période 2026–2028, avec un objectif de mobilisation fixé à 25 milliards de dollars. Un saut d’échelle par rapport aux 8,9 milliards du précédent cycle. Ce retrait, qui prive le FAD de l’un de ses principaux donateurs historiques les USA, avaient contribué à hauteur de 568 millions lors du FAD-16 suscite naturellement des inquiétudes. Il compromet le financement de projets essentiels dans les pays africains les plus vulnérables. Si cette stratégie venait à être entérinée, elle pourrait porter un coup sévère aux capacités de financement du développement en Afrique subsaharienne. Il faut rappeler que le FAD joue un rôle clé dans la réalisation de projets vitaux pour des millions de personnes, notamment dans les zones rurales isolées.
Sur le plan géopolitique, la décision pourrait également affaiblir la présence stratégique des États-Unis sur le continent, au moment où d’autres puissances Chine, Russie, Turquie ou encore pays du Golfe multiplient les investissements et renforcent leur influence diplomatique. Le FAD s’est distinguée en tant que Banque du savoir et acteur majeur du financement des projets d’investissement, avec 6 575 projets financés à travers le continent, et un capital de 318 milliards de dollars au Cameroun depuis sa création. Sa réputation et ses performances lui valent à juste titre sa notation financière « Triple A ».
A propos du Millennium Challenge Corporation (MCC)
Le Millennium Challenge Corporation (MCC) fait partir des institutions victimes de la dernière décision de l’administration Trump sur le gel des financements en Afrique. Le MCC est une agence d’aide internationale spécialisée dans le financement de projets d’infrastructures, créé en 2004 pour augmenter le volume de l’aide publique américaine au développement. Elle est essentiellement déployée sur le continent africain, à hauteur de 17 milliards de dollars dans des projets d'infrastructures, d’éducation, d’énergie ou encore d’agriculture en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Cette organisation finance des projets construits par des pays éligibles qui en formulent la demande. Ces projets concernent suivants les cas et les priorités définies par chaque pays, le développement rural, l’accès au foncier, etc. En Afrique, le MCC était vu comme un outil stratégique pour pallier l’inefficacité de l’aide traditionnelle.
Au Bénin par exemple, le MCC a financé plusieurs projets à travers différents compacts du Millennium Challenge Account (MCA). Le premier compact, signé en 2006 pour un montant de 307 millions de dollars, s’est achevé en 2011. Il a permis d’améliorer l’accès aux marchés en réhabilitant le port de Cotonou, de faciliter l’accès à la terre, de renforcer l’accès à la justice dans les communautés rurales, et d’élargir l’accès aux services financiers pour les micros, petites et moyennes entreprises. Le deuxième Compact MCA a été signé le 9 septembre 2015.
D’un montant de 375 millions de dollars, il visait à réduire la pauvreté au Bénin en accélérant la croissance économique par des investissements dans le sous-secteur de l’électricité. Le 22 juin 2023, le pays a bénéficié d’un Compact Énergie de 422,6 millions de dollars, un investissement sur cinq ans, destiné à promouvoir l’accessibilité à l’énergie et à renforcer le secteur électrique béninois. Cette subvention comprend 391 millions de dollars du peuple américain et 31,6 millions de dollars du peuple béninois. Le MCC a signé en décembre 2022 son premier compact régional avec le Bénin et le Niger. Cette subvention de 202 millions de dollars au Bénin sert à réhabiliter le corridor commercial entre Niamey (Niger) et le port de Cotonou, permettant une circulation plus rapide et efficace des marchandises.
A Abidjan, les ouvriers s’activent encore sur le grand échangeur de Koumassi. Il s’agit d’une infrastructure financée par le MCC dans le cadre du programme pour la Côte d’Ivoire pour la réhabilitation du boulevard du Port. 537 millions de dollars au total a été investi.
Au Malawi, c’est un financement de 350 millions de dollars qui disparaît. Il devait servir à la construction de routes à travers tout le pays. A en croire Ibrahim Amadou Louché, économiste nigérien, les conséquences vont au-delà des frontières africaines cité par RFI : « le risque, c’est que ça accentue des désordres qui sont déjà très présents dans ces zones qui, par ricochet, finissent par atteindre les pays développés sous divers canaux, notamment par la migration ou par tout un tas de vecteurs. Il serait souhaitable que les autorités américaines reconsidèrent leur position pour essayer de reprendre ces aides ».
L'arrêt du MCC pourrait laisser un vide d’investissements massifs dans les infrastructures africaines. Le gouvernement ivoirien a demandé un délai de 4 mois pour achever certains chantiers. Tandis que le Sénégal dispose, de trois mois pour sécuriser les chantiers en cours, qui seront suspendus sans forcément pouvoir être achevés.
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