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Ces quatre personnalités qui font bouger la tech africaine

07/01/2020
Source : 020 Les Echos
Catégories: Taux

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Naadiya Moosajee, Zachariah George, Marième Diop et Iyinoluwa Aboyeji participent, chacun à leur manière, à la
construction des écosystèmes start-up du continent africain.
Profondément confiants dans le potentiel de l'Afrique, ces quatre personnalités y déploient des fonds
d'investissement, des formations ou encore des programmes d'accompagnement pour les start-up.
Si, en volume, les investissements injectés dans la tech africaine restent marginaux par rapport au reste du
monde (5 % des capitaux investis en Europe), la progression des écosystèmes du continent est fulgurante. Selon
un rapport publié par Partech, les fonds investis ont progressé de 108 % entre 2017 et 2018. Les principaux
écosystèmes que sont Nairobi, Lagos et Cape Town restent cependant très peu matures et doivent se structurer.
Lors de la dernière édition d'AfricArena, ces quatre personnalités ont exprimé leurs ambitions pour le continent et
les actions qu'elles mettent en place pour que les start-up puissent y fleurir - à savoir de la formation, des fonds
d'investissement ou des structures d'accompagnement.
Naadiya Moosajee Plus de femmes dans la tech africaine
Elle avait seulement 21 ans lorsqu'elle a créé son premier projet, WomEng. « L'idée était d'aider les filles à faire
des études d'ingénieurs puis à trouver un emploi », explique Naadiya Moosajee. Durant plusieurs années, la
jeune femme s'est occupée de ce qui était alors une ONG sur son temps libre, alors qu'elle gérait la logistique
des transports VIP pour la Coupe du monde de football en 2010 ou qu'elle travaillait dans le conseil. « Et tout à
coup, je me suis rendu compte que WomEng croissait », sourit-elle. En 2014, elle décide de changer les statuts
de l'organisation pour en faire une start-up. « Beaucoup de femmes abordent l'entrepreneuriat par le côté
philanthropique. J'en suis revenue, et suis aujourd'hui convaincue qu'on peut changer les choses ET gagner de
l'argent ! »
WomEng emploie aujourd'hui 9 personnes et compte trois gros clients, dont De Beers et Unilever, qui lui
permettent de générer près d'un million de dollars de revenu annuel. Concrètement, ses clients financent les
programmes de formation des jeunes femmes, puis embauchent 20 femmes de chaque cohorte. Naadiya
Moosajee dirige l'entreprise avec sa cofondatrice, Hema Vallabh. « Nous sommes inséparables, d'ailleurs
beaucoup de gens pensent que nous sommes la même personne, s'amuse-t-elle. Franchement, si mon mari me
quittait , je survivrais, mais si elle partait je serais dévastée ! » C'est donc tout naturellement que les deux
femmes ont décidé de conserver cette association sur leur deuxième projet.
« Nous avons créé WomHub il y a trois ans, en nous disant qu'il était temps que les femmes ne fassent pas qu'y
travailler, mais prennent possession de l'industrie tech », se souvient Naadiya Moosajee. Les deux
entrepreneuses ont élaboré un programme d'accompagnement de huit mois pour les femmes souhaitant se
lancer dans l'entrepreneuriat. Une première cohorte de 25 personnes l'a suivi en Ouganda, et un incubateur est
actuellement en construction à Johannesbourg, dans l'objectif d'y accueillir une nouvelle promotion l'année
prochaine. « Nous allons coupler cela à un fonds d'investissement de 25 millions de dollars », indique la jeune
femme. Le but des fondatrices est de proposer des contrats de levées de fonds « plus justes » aux entrepreneuses « car sur le continent, le coût du capital est extrêmement cher, les entrepreneurs se font avoir »,
déplore Naadiya Moosajee.
Zachariah George Créer le Kima africain
Il est probable de le voir, dans la même journée, parler investissement et réunir des musiciens en herbe autour
de sa guitare pour faire un boeuf. Zachariah George, 37 ans, est devenu une figure de l'écosystème start-up au
Cap, en Afrique du Sud, où il est installé depuis 2011. Il y occupe le poste de responsable des investissements
chez Startupbootcamp Africa, qu'il a cofondé. « Nous nous inspirons du modèle YC [Y Combinator, un célèbre
accélérateur de jeunes start-up américain, NDLR] », indique-t-il. Les start-up intégrant ce programme sont
accompagnées durant trois mois et financées à hauteur de 15.000 euros contre 8 % de leur capital.
Né en Inde, d'une mère iranienne et d'un père tanzanien, Zachariah George a grandi à Oman, avant de rejoindre
les Etats-Unis pour étudier la finance des entreprises à Stanford, puis l'Inde, pour suivre une formation en génie
mécanique au Indian Institute of Technology, « là où a étudié Sundar Pichai [le PDG de Google, NDLR] »,
lance-t-il fièrement. Après avoir travaillé chez Barclays et Lehman Brothers à New York, il rejoint Cape Town
dans l'objectif d'y développer l'écosystème start-up. « Pourquoi j'ai quitté Barclays à 27 ans, alors que je gagnais
300.000 dollars par an ? questionne-t-il. Parce que l'impact que tu as lorsque tu construis un écosystème est tout
à fait différent. Moi, je ne veux pas construire des empires, je veux construire des écosystèmes. »
Le jeune investisseur a déjà misé sur 42 start-up en tant que business angel, et est en train de lever un fonds.
Surprise, c'est à un français qu'il se réfère lorsqu'on lui demande de décrire sa thèse d'investissement. « Je veux
que Launch Africa soit le Kima d'Afrique », affirme-t-il. Le fonds de Xavier Niel a la particularité de procéder à un
nombre élevé d'investissements, tous en amorçage. « L'amorçage, c'est extrêmement important, et c'est là que tu
peux multiplier ta mise par dix, explique-il. Nous voulons avoir la possibilité de sortir le plus rapidement possible,
lorsque des Orange, Partech ou Sequoia investiront dans nos entreprises. »
Passionné de musique, mais aussi de littérature et d'arts de la scène, Zachariah George ne cesse de démontrer
que sa vie ne s'arrête pas aux affaires. Père divorcé, il emmène sa fille de six ans dans les événements auxquels
il est convié et insiste sur l'importance de prendre du temps avec sa famille. « Il ne faut jamais voir les enfants
comme une charge, au contraire, ils sont contents d'être impliqués dans tous les aspects de ta vie, assure-t-il.
D'ailleurs, je connais les familles de tous les entrepreneurs avec qui je travaille ! » Entreprendre hors de la Silicon
Valley a cet avantage de pouvoir imaginer des modèles différents du « hustle » cher à la côte ouest des
Etats-Unis.
Marième Diop Structurer l'investisssement des business angels
Si les start-up africaines manquent de financements, la situation est encore plus critique pour les start-up
francophones. A côté de Lagos, Nairobi et Cape Town, les écosystèmes d'Afrique de l'Ouest peinent encore à
émerger. Mais à Dakar, Marième Diop s'est donné pour mission de faire bouger les choses. A côté de son travail
d'investisseur chez Orange Digital Ventures, la jeune femme de 34 ans a créé un club de business angels, le
Dakar Network Angels. « Il réunit une quarantaine de personnes, qui investissent depuis l'Afrique, les Etats-Unis
ou l'Europe », indique-t-elle. En plus d'y injecter de l'argent, les membres du club s'engagent à accorder du
temps aux jeunes pousses financées ; une dimension primordiale dans les écosystèmes encore peu matures. «
En Afrique francophone, les entrepreneurs manquent souvent de 'soft skills', observe-t-elle. Ils doivent
apprendre à se vendre, à bâtir des relations avec les grands groupes et les investisseurs. »
L'art des relations, cette ingénieure diplômée de Telecom Paris a eu l'occasion de la pratiquer là où nulle erreur
en la matière n'est tolérée : le monde politique. En 2015, elle a rejoint le Bureau opérationnel de suivi du Plan
Sénégal Emergent, une unité chargée de redresser la croissance du pays à travers 27 projets et 17 réformes.
En 2017, Marième Diop retrouve le groupe Orange, au sein duquel elle avait déjà officié en tant que consultante
chez Sofrecom. Elle fait partie de l'équipe de trois personnes chargées de déployer les investissements du fonds
en capital-risque du groupe sur le continent africain.
Iyinoluwa Aboyeji Serial entrepreneur
Il a été accueilli comme une star sur la scène d'AfricArena. Iyinoluwa Aboyeji, qui se fait simplement appeler « I »,
est une figure emblématique de la tech africaine. Le jeune homme de 28 ans a cofondé Andela, une start-up
considérée comme l'un des gros succès de la tech africaine, bien qu'elle soit juridiquement basée à New York.
Spécialisée dans la formation et le placement de développeurs, la jeune pousse a levé un total de 180 millions
de dollars et annoncé un chiffre d'affaires de 50 millions pour 2019.

Après l'avoir créée avec quatre autres entrepreneurs en 2014, Iyinoluwa Aboyeji a quitté ses fonctions
opérationnelles en 2016 pour créer une autre jeune pousse, Flutterwave. « Je suis un homme d'amorçage, je suis
moins bon sur la suite », explique-t-il. Avec Flutterwave, il a déployé une solution de paiements « avec laquelle
nous avons aidé des entreprises comme Uber ou TransferWise à faire des affaires en Afrique », affirme-t-il. La
start-up a signé, cette année, un gros partenariat avec Alibaba, permettant aux commerçants africains de
recevoir des paiements de la part des utilisateurs de son application de paiement Alipay. Mais à ce moment-là,
Iyinoluwa Aboyeji, avait déjà quitté la start-up qu'il a développée durant deux ans.
Ce serial entrepreneur se concentre aujourd'hui sur son nouveau projet, Future Africa, qui a pour objectif
d'accompagner des entrepreneurs dans la création de leur start-up tout en les finançant à hauteur de 50.000
dollars. « Mon souhait, c'est de vivre dans un monde où chacun peut se rendre utile et être prospère »,
déclare-t-il.


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