RSS Feed  Les actualités de la BRVM en Flux RSS

NEWS FINANCIÈRES

Nous agrégeons les sources d’informations financières spécifiques Régionales et Internationales. Info Générale, Economique, Marchés Forex-Comodities- Actions-Obligataires-Taux, Vieille règlementaire etc.

Libra : un actif financier, pas une monnaie

14/12/2019
Source : Le Soir
Catégories: Information générale

Profitez d'une expérience simplifiée

Retrouvez toute l'information économique et financière sur notre application Orishas Direct à Télécharger sur Play Store

Le consortium d’entreprises, initié par Facebook, a-t-il le potentiel   de détrôner les monnaies souveraines ?
Pas certain.   Mais le particulier devra se poser la question de la finalité du projet. 
Amandine Cloot
Les images défilent à toute vitesse, vous emmènent de Manille à Mexico City. « Et si on rendait l’argent
vraiment accessible à tous ? Et si on donnait à tous les mêmes opportunités financières ? », susurre la voix
off. Bienvenue dans un monde où la monnaie s’échange aussi vite « qu’un message tapé sur votre
smartphone » et « pour le même prix ». Bienvenue dans un monde où 1,7 milliard de personnes qui n’ont
actuellement pas accès à des services financiers pourraient progressivement « être incluses » à la sphère
économique.
Le pitch publicitaire d’une minute trente a de quoi convaincre : libra, pourquoi pas ? Après tout, nous
sommes plus de deux milliards d’individus sur la planète à avoir intégré Facebook, WhatsApp et Messenger
à notre quotidien… Les ambitions « monétaires » d’un consortium d’entreprises privées méritent pourtant
d’être précisées.
Un actif financier plus
qu’une monnaie
La libra est présentée par ses initiateurs comme une monnaie. Elle n’en sera pourtant techniquement pas
une. « La première question à se poser est : Seriez-vous prêt(e) à vendre votre maison et à être payé en
libras ? Si la réponse est non, alors il ne s’agit pas d’une monnaie mais d’un actif financier », schématise
Alexandre Girard, professeur de finance à l’Université Saint-Louis.
Première conséquence : un actif financier n’est pas « garanti » par une autorité souveraine. Il est donc par
essence plus risqué que des euros logés sur un compte bancaire. Si la libra s’écroule pour l’une ou l’autre
raison, votre « argent » converti en « token » ne sera pas protégé.
On parle cependant de « stable coin » – l’appellation est controversée – car la monnaie virtuelle sera
adossée à un panier de devises officielles. En d’autres mots, pour chaque libra créée, des euros, des dollars,
des livres sterling… seront conservés en contrepartie. La valeur de cet actif dépendra par conséquent de la
valeur du portefeuille auquel il est adossé. Bref, en théorie, il ne devrait pas fluctuer fortement.
« La stabilité à long terme de la libra sera complexe à garantir », estime pourtant le professeur de finance. «
Les entreprises membres devront être prêtes à investir pour compenser un éventuel déséquilibre. Si tout le
monde échange ses libras en dollars alors qu’il y a plus d’euros déposés dans la réserve, par exemple. »
Un risque d’influence
sur la souveraineté
Le projet manque encore certes de contours mais, des deux côtés de l’Atlantique, les réactions politiques «
anti-libra » fusent, preuve que le consortium est pris très au sérieux par les autorités. Normal : actuellement.

les e-monnaies ne sont que très peu utilisées (1 % de la masse monétaire globale), mais la libra pourrait
totalement changer la donne. Rappelons que Facebook, à lui seul, pèse 2,4 milliards d’utilisateurs. Que dans
certains pays continents, comme l’Inde, WhatsApp est déjà bien plus qu’une messagerie parmi d’autres.
Or aucune indication officielle n’a encore été donnée sur l’équilibre entre les différentes devises qui
composeront la réserve qui garantira la libra. Certains y voient, en raison de la force de frappe, un potentiel
outil de déstabilisation de la souveraineté monétaire de nos Etats. « On ne payera a priori pas son loyer ou
ses impôts en libras. Nos instruments de politique monétaire peuvent, en outre, intervenir en cas de
perturbations causées par des flux de capitaux internationaux », temporise cependant la Banque nationale de
Belgique.
Les économies émergentes sont ici particulièrement concernées (et d’ailleurs directement visées par les
ambitions du consortium). Dans des pays ravagés par l’inflation, on peut facilement imaginer que la libra
devienne une valeur refuge pour la population avec, à la clé, un risque d’influence mais aussi de dépendance
(parallèle à l’exposition au dollar) sur des monnaies d’Etat déjà affaiblies.
Un outil pour favoriser
une « marketplace »
La question de la finalité de l’initiative doit donc elle aussi être posée. Si la libra n’est pas, comme expliqué
plus haut, une monnaie proprement dite, son utilisation sera, par définition, restreinte aux périmètres des
plateformes qui l’ont initiée. Vraiment souhaitable ?
Certes, ses initiateurs positionnent le projet comme « le nouvel outil pour favoriser l’inclusion financière ».
Comment ? En facilitant les transferts d’argent, généralement coûteux pour le particulier. Sous un angle «
plus occidental », le portefeuille Colibra (lire ci-dessous) est vendu comme un instrument ultra-accessible, à
l’utilisation intuitive. Plus pratique qu’un compte en banque ou qu’une carte de crédit, en quelque sorte.
Les géants du numérique seraient-ils devenus soudainement philanthropes ? Non. Le business model –
l’association a précisé ne pas souhaiter se rémunérer via une commission sur chaque transaction – repose
tout simplement sur l’effet de réseau. « On peut prendre l’exemple du géant chinois Alibaba et de son service
de paiement Alipay. La marketplace d’Alibaba devient incontournable », argumente Alexandre Girard. En
brassant jusqu’à la monnaie échangée, Facebook & Co s’assurent de renforcer la dépendance de leurs
utilisateurs comme celles des tiers professionnels à leur « plateforme ».
La potentielle monétisation de vos données financières ne doit pas non plus être oubliée. Facebook promet
une ségrégation totale entre utilisation des données privées à des fins publicitaires et données financières.
Ce qui n’exclut pas qu’un jour, l’entreprise vous propose, sur la base de vos comportements, des produits
financiers « personnalisés », libellés en libras.
On est loin aujourd’hui d’une libra qui règne sur le monde du paiement. D’autant que des barrières
réglementaires ont été érigées. Mais comme le rappelait Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque
centrale européenne, récemment au Soir : « Ignorer le phénomène serait une erreur. Les technologies
existent, elles évoluent très vite et il serait naïf de s’y opposer par principe car ces technologies finiront par
s’imposer. » Aux régulateurs de trouver la réponse appropriée.

 


0 COMMENTAIRE

Dans la même rubrique

10/09/2025 - Information générale

OF Brief matinal

09/09/2025 - Information générale

OF Brief matinal

08/09/2025 - Information générale

OF Brief matinal

05/09/2025 - Information générale

OF Brief matinal

04/09/2025 - Information générale

OF Brief matinal

04/09/2025 - Information générale

OF L'actualité en bref

03/09/2025 - Information générale

OF Brief matinal

02/09/2025 - Information générale

OF Brief matinal

01/09/2025 - Information générale

OF Brief matinal

Voir aussi

OF Brief  matinal

10/09/2025 - Information générale

OF Brief matinal
OF Brief  matinal

09/09/2025 - Information générale

OF Brief matinal
OF Brief  matinal

08/09/2025 - Information générale

OF Brief matinal

Publicité