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RAPATRIEMENT ANNONCE DES RESERVES DE CHANGE DE LA BCEAO : Quelles implications pour les accords monétaires avec la France ?

12/11/2019
Source : Le Soleil
Catégories: Information générale

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L’annonce du président béninois sur le retrait des réserves de change du franc Cfa, logées actuellement à la
Banque de France, soulève beaucoup de questions. Que va-t-il advenir du compte d’opérations ? A quoi
servent ces réserves de change ? Voici quelques éléments d’explication.
Le président béninois Patrice Talon a annoncé, le 7 novembre dernier, dans une interview accordée à Rfi et
France 24, le retrait des réserves de change du franc Cfa qui se trouvent actuellement à la Banque de
France. « Nous sommes tous d’accord pour mettre fin à ce modèle », a-t-il déclaré, parlant visiblement au
nom de tous les chefs d’Etat de l’Uemoa. Au-delà de la « valeur psychologique », une telle décision, si elle se
concrétise, aboutira à un changement très profond du système Cfa tel qu’il fonctionne actuellement. En effet,
en vertu des accords monétaires qui lient la France aux pays membres de la « Zone franc », 50 % des
réserves de change de la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Bceao) doivent obligatoirement
être versées à la Banque centrale de France. En retour, la France garantit une convertibilité illimitée du franc
Cfa ainsi qu’une parité fixe avec l’euro.
Donc, le retrait de ces réserves de change, telle qu’annoncé, reviendrait « logiquement » à « casser »
l’accord de coopération monétaire avec la France tel qu’il fonctionne actuellement, estime Babacar Sène,
directeur du Centre de recherches économiques appliquées (Crea-Ucad). Il invite toutefois à la « prudence »
sur cette question, « d’autant plus que la contrepartie en monnaie locale de ces réserves est déjà en
circulation, car pour toute monnaie qui circule, généralement, il y a derrière des réserves de change ».
Un rôle clé dans le commerce extérieur
Dans la pratique, ces réserves jouent un rôle clé dans le commerce international. En effet, ces avoirs en
devises permettent de couvrir un certain nombre de mois d’importations, explique Malick Sané, chef du
Laboratoire de politiques commerciales du Crea. Si le compte d’opérations fait partie des mécanismes les
plus décriés des accords monétaires avec la France, il présente néanmoins quelques avantages.
Actuellement, la France garantit un déficit illimité du compte courant des pays de l’Uemoa pour leurs
importations. « Cela veut dire que nos pays, à partir de cette garantie-là, peuvent importer plus qu’ils n’ont de
recettes d’exportations », note M. Sané. Qu’adviendra-t-il de ce fameux compte d’opérations si les pays de
l’Uemoa décident de rapatrier l’ensemble de ces réserves de change ? « Tout dépendra de ce qui sera
convenu avec la France », répond-il. Dans tous les cas, si cette garantie saute, nos pays seront obligés
d’être « plus vigilants » par rapport à l’ampleur du déficit de la balance courante, « parce qu’il va falloir
trouver les devises pour compenser ce déficit », relève le spécialiste. En outre, le compte d’opérations sert de
soupape de solidarité entre les pays déficitaires (comme le Sénégal) et excédentaires (Côte d’Ivoire) de
l’Uemoa en agissant comme un système de péréquation.
Défendre la monnaie sur le marché des devises
On ne le dit pas assez, la France aussi gagne dans ce système. « Le fait d’avoir la parité fixe euro-Cfa, c’est
une garantie pour les investissements français dans les pays de l’Uemoa. C’est aussi un mécanisme qui
protège les entreprises françaises par rapport au risque de change », relève le directeur du Crea-Ucad. En
plus du commerce extérieur, les réserves de change servent également à défendre la monnaie sur le marché
des devises. En effet, pour qu’une banque centrale puisse vraiment défendre la parité de sa monnaie, il faut
qu’elle dispose de réserves de change. Donc, « si on décide d’aller vers un régime de change flottant, il
faudra revoir la façon dont on gère les réserves, parce que pour un tel régime, ce sont les réserves de
change qui vont défendre la parité de la monnaie sur le marché des devises », note Babacar Sène.
Toutefois, certains s’interrogent sur l’origine d’une telle décision. L’initiative vient-elle des pays africains – ce
que laisse penser Patrice Talon lorsqu’il dit « nous sommes tous d’accord » – ou de la France ? En dépit des déclarations constantes des autorités françaises consistant à renvoyer la balle aux dirigeants africains,
certains économistes africains pensent que c’est Paris qui est à la manœuvre. « Cette façon de faire rappelle
celle de l’ancien Premier ministre (français) Balladur qui, en août 1992, avait surpris les autorités politiques et
monétaires africaines de la zone franc en leur annonçant que son pays suspendait, de façon unilatérale, le
principe du rachat des billets qui lui étaient présentés par les places financières hors de France, alors que
conformément aux accords monétaires, la France devait assurer la libre convertibilité du franc Cfa à tiroir
ouvert (garantie et découvert illimité accordés aux comptes d’opérations) », rappelle l’économiste et homme
politique ivoirien Mamadou Koulibaly. Cela rappelle aussi, ajoute-t-il, le précédent de la dévaluation du franc
Cfa qui, en décembre 1993, a été « brutalement annoncé aux chefs d’État africains qui n’en voulaient pas et
qui souhaitaient voir Paris respecter ses engagements du découvert illimité que les accords de coopération
accordaient aux Banques centrales africaines membres du franc Cfa ».
S. KA
Une «réformette» ?
Au final, il pense qu’il s’agit d’une « réformette » qui ne dit pas ce qu’il va advenir des comptes d’opérations,
« une réformette qui arrive avec d’autres projets de même nature ». Et que ce sont les autorités monétaires
françaises qui ont besoin d’économiser sur les versements d’intérêt (les réserves de change de la Bceao
déposées au niveau du compte d’opérations sont rémunérées à un taux de 0,75 %), et ce sont elles qui
prennent l’initiative de déplacer ces réserves vers d’autres horizons. Il reste que la nouvelle, cette fois-ci, est
venue de Cotonou et non de Paris ! Quoiqu’il en soit, cette annonce du président Talon, qui s’ajoute à celle
du ministre français de l’Economie et des Finances Bruno Le Maire (« la France est ouverte pour une réforme
ambitieuse du franc Cfa »), et la perspective de l’entrée en vigueur de l’eco, la monnaie unique dela
Cedeao, laisse penser qu’on s’achemine vers de grands bouleversements. Wait and see !
L’autre grande inconnue concerne l’eco, la monnaie unique dela Cedeao dont l’entrée en vigueur est
annoncée en 2020. Pour le moment, le bloc des pays de l’Uemoa et ceux anglophones (Ghana, Nigeria) ont
envoyé des messages discordants sur la nature du taux de change de cette future monnaie. « Le choix d’un
régime de change est une décision politique avant d’être une décision économique. C’est pourquoi il est
indispensable que les pays membres de la Cedeao règlent cette question au niveau politique », souligne
Babacar Sène. Ce dernier fait partie des économistes qui pensent que le respect des critères de
convergence n’est pas un obstacle au lancement de la zone eco. A cet effet, il cite l’exemple de la
Guinée-Bissau qui ne remplissait pas les critères de convergence au moment de son entrée dans la zone
Umoa. « Au regard de la théorie des Zones monétaires optimales, il y a une nouvelle approche qui a été
développée à la fin des années 1990 par deux économistes américains et appelée l’endogénéité des critères
selon laquelle le fait d’avoir une zone monétaire peut permettre de faire converger des économies a posteriori
».
S. KA
Compte d’opérations : mode de fonctionnement
La coopération monétaire entre la France et les pays africains de la zone franc est régie par quatre principes
fondamentaux : garantie de convertibilité illimitée apportée par le Trésor français, fixité des parités, libre
transférabilité et centralisation des réserves de change. En contrepartie de la garantie du Trésor français, les
trois banques centrales (la Bceao, la Beac et la Banque centrale des Comores) sont tenues de déposer une
partie (50 %) de leurs réserves de change sur un compte dit « d’opérations », ouvert dans les livres du
Trésor. Le fonctionnement du compte d’opérations a été formalisé par des conventions signées entre les
autorités françaises et les représentants des banques centrales de la zone franc. Ils fonctionnent comme des
comptes à vue ouverts auprès du Trésor français et sont rémunérés à un taux de 0,75 %.
Ces ressources sont particulièrement utilisées pour réguler le commerce extérieur des pays de la zone franc.
Par exemple, lorsqu’une société résidant au sein de l’Uemoa rapatrie des recettes d’exportations vers sa
banque, celle-ci cède les devises à la Bceao. Cette dernière les loge dans un compte extérieur et crédite
ensuite le compte de cette banque tenu en franc Cfa. D’après les détracteurs de cette dernière, il s’agit là de
précieuses ressources financières (estimées à 13 000 milliards de FCfa – plus de 19 milliards d’euros – fin
2015) dont se privent les économies de la zone et qu’elles pourraient investir pour financer leur croissance.
Mais, pour les autorités monétaires, cette critique est la preuve même de l’ignorance qui entoure le
fonctionnement de ce système monétaire.
S. KA


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